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Sunday, November 29, 2009

La crise de Dubaï a affolé les marchés

 

Ça allait mieux. Ça va moins bien. Beaucoup moins bien. La crise financière, la "grande crise" de 2008, était pour beaucoup d'investisseurs presque oubliée. Elle s'est rappelée à leur souvenir jeudi 26 novembre.

Cette fois, l'étincelle n'est pas venue du petit marché des subprimes, ces crédits hypothécaires à risque souscrits par les ménages de Floride ou de Californie, mais d'un petit émirat pauvre en pétrole, Dubaï. Que Jean-Louis Mourier, analyste chez Aurel BGC, compare à la principauté d'Andorre.

 

 

Brouillard matinal sur Dubaï. L'émirat a révélé, mercredi 25 novembre, son incapacité à rembourser dans les délais prévus les dettes de sa principale entreprise publique.

L'annonce d'un risque de défaut de paiement du pays adepte des projets immobiliers pharaoniques (c'est à Dubaï qu'ont été construites une île en forme de palmier et une station de ski en plein désert), a provoqué une onde de choc sur les marchés mondiaux. Jeudi, les places de Paris, de Londres, de Francfort ou de Tokyo ont plongé de 3 % à 4 % en moyenne. Seule la Bourse américaine, fermée pour cause de Thanksgiving, a échappé à l'affolement.

Il y avait de quoi. "Imaginez, Dubaï en défaut, cela veut dire que même les riches ne peuvent plus rembourser leurs dettes !", signale un courtier. La "frousse" des investisseurs s'est néanmoins vite calmée. Dès vendredi, tous avaient repris leurs esprits. In fine, les reculs affichés sur la semaine écoulée entre le lundi 23 et le vendredi 27 novembre ont été contenus, voire nuls (- 0,21 % à 3 721,45 points pour le CAC 40 à Paris ; - 0,11 % à 5 245,73 points pour le FTSE 100 de Londres ; - 0,1 % à 10 309,92 points pour le Dow Jones à Wall Street dans une semaine écourtée).

De fait, Dubaï n'est pas Lehman Brothers. Personne n'imagine que l'émirat puisse représenter un "risque systémique", celui d'une explosion de tout le système financier. La dette du pays a été souscrite principalement par son voisin Abou Dhabi, qui produit plus de 90 % du pétrole des Emirats arabes unis, et qui peut payer. D'ailleurs, les experts de la zone ont été étonnés qu'Abou Dhabi laisse la panique s'installer pendant de longues heures avant de réagir.

Pour autant, les turbulences venues de Dubaï ont de quoi stresser les investisseurs. C'est dans ce pays que se tient tous les ans le Salon mondial du shopping - le Dubaï Shopping Festival -, tous les deux ans le Salon aéronautique - le Dubaï Air Show - et que se construisent des tours gigantesques. Les difficultés de l'émirat sont donc une mauvaise nouvelle pour l'industrie du luxe, les constructeurs d'avions et les sociétés de BTP... Le marché continue d'ailleurs de scruter quelles sont les sociétés de ces secteurs les plus exposées dans la zone.

Mais ce sont surtout les banques qui sont dans le viseur des marchés. Selon une note de Crédit suisse, les établissements européens seraient exposés à hauteur de 13 milliards de dollars (8,7 milliards d'euros) dans cette affaire. La Banque des règlements internationaux évalue pour sa part à 93 milliards de dollars l'exposition des banques européennes aux Emirats arabes unis, dont 51 milliards de dollars pour les établissements britanniques. En tête figurent la banque sino-britannique HSBC, avec des engagements de 11,3 milliards de dollars, puis Standard Chartered, et Barclays. Quant à la banque française BNP Paribas, ses prêts dans les Emirats arabes unis atteignaient environ 1,1 milliard d'euros fin 2008.

Mais le problème n'est pas tant celui du niveau d'exposition au risque émirati que le fait de se rendre compte que les banques ont, encore, des créances potentiellement "pourries". Bref, que le ménage dans la finance mondiale n'est pas fini. Certains investisseurs estiment que Dubaï est peut-être "le signe avant-coureur de problèmes de dette d'autres pays", alerte Thomas Della Casa, responsable de la recherche chez Man Investment, un hedge fund suisse.

Les investisseurs regardent tout particulièrement la situation des pays d'Europe de l'Est mais aussi de la Grèce, de l'Italie, de l'Espagne, ou de l'Irlande. Leur niveau d'endettement rapporté au produit intérieur brut, est, selon M. Della Casa, "à la limite du supportable". Car la reprise économique ne sera pas suffisante pour permettre à ces Etats de se renflouer naturellement. La croissance à venir sera molle.

Aux Etats-Unis, la banque centrale (Fed) a d'ailleurs confirmé, le 24 novembre, que le rétablissement serait lent. En témoigne la révision à la baisse de la croissance américaine pour le troisième trimestre, à 2,8 % en rythme annuel contre 3,5 % précédemment.

"Tout le monde pense que l'on est sauvé, mais il y aura sur les marchés des reality check ( tests-vérité) au cours des prochains trimestres", prévient M. Della Casa.

Claire Gatinois

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